Elle est longue cette deuxième étape. 41 kms. Celle d’hier a laissé des traces. 29 abandons. Plus que sur la totalité d’un MDS classique. C’est sûr que 16 kms de dunes et une étape de mise en jambes qui fait 34 kms c’est pas pareil que celles des années précédentes avec leurs 25-30 kms…
Toujours est-il qu’après les rituels petit dej, popo, rangement du sac, fixation du sac, boissons, pipi, ligne de départ, speech du GO qui souhaite les anniversaires du jour, on peut enfin partir. Ça y est les fauves sont à nouveau lâchés !
Mais revenons un instant sur la fixation du sac. Grand moment ça. On charge d’abord le sac lui-même, puis le pack avant et ses foutues sangles qui partent de partout qu’il faut fixer en louchant et serrer à mort pour éviter que ça ballotte. Puis on fixe le dossard sur le pack avant pour qu’il soit visible. Puis on cale les sangles trop longues pour ne pas qu’elles se baladent lorsqu’on arrivera à courir un peu. Puis on finit par fixer la carte de pointage qui nous permettra de récupérer les bouteilles d’eau au CP et de valider notre passage. Finalement, si on ne s’est pas trop mal débrouillé, rien ne gêne et on peut rejoindre la ligne de départ.
Au programme une ligne droite ininterrompue de 11,5 kms, sur une piste de 4x4 caillouteuse, pour atteindre le premier CP. Du coup j’ai des fourmis dans les jambes et je bouge Guy pour courir un peu. Il veut être prudent et préfère marcher. Je file en suivant Seb. Je trottine durant cette partie, alors que la chaleur s’installe doucement. On doit fournir un spectacle saugrenu vu des hélicos. Deux files indiennes qui cheminent en parallèle, suivant la trace des pneus des voitures qui ont tracé la piste. Et parfois, de temps en temps, un coureur qui s’échappe de cette trace pour doubler. Et pas un virage. Si ce n’était le moutonnement de la piste, on pourrait dès le départ voir le CP. Pour nous européens, habitués à nos collines, nos virages c’est un sacré changement.
Au CP les bouteilles sont récupérées et on file sur une piste sableuse dans laquelle on s’enfonce. On passe à côté du village de Taouz, devant les yeux des enfants et vieillards qui nous encouragent, sans bien comprendre ce que l’on fait là. A vrai dire, à ce point, moi non plus…
Passé le village un petit oued (Ziz) et on arrive dans un lac asséché. Qu’est-ce qu’il va être long ce lac. On en longe d’abord une « rive » puis on finit par le traverser. C’est un four ! Le soleil est à son zénith, la réverbération est maximale et il n’y a pas un brin d’air. Certains courent ou trottent, la plupart marchent comme moi. Je suis un long moment des Anglais au rythme rapide. Ça me fait forcer un peu l’allure et me permet surtout d’avoir un point de mire auquel m’accrocher. Je grignote aussi, histoire d’éviter une hypoglycémie, et surtout de faire passer le temps.
On sort enfin de ce lac maudit. Des collines caillouteuses et puis des dunes. Aller, on reprend le slalom pour chercher du dur sous les pieds. A la sortie de ce cordon, le 2è CP.
Bouteilles, hydratation et c’est parti pour une nouvelle piste caillouteuse qui descend à travers l’oued Outanouel. Interminable ligne droite ici aussi, juste entrecoupée d’une zone de dunettes. Ça c’est le pire je crois les dunettes. Le sable y est systématiquement mou, labouré par les coureurs précédents. Il y a plein de buissons qui forment des monticules de sable de quelques dizaines de cms, juste assez chiants pour ne pas pouvoir choisir une autre trace que celle de tout le monde. On y passe une énergie folle pour un rendement dérisoire.
Au village de Jdaid, encore une grosse colline de cailloux. Où est-il ce CP ? Moi qui croyais qu’il serait au village, ben non, encore une bonne demi-heure à attendre.
Finalement j’y arrive à ce CP3, je prends mes bouteilles et c’est parti pour une longue montée de sable, sur le jebel El Abeth. Ça chasse pas mal mais le fort pourcentage (15%) me plait bien. Je place mes pas dans ceux du gars devant moi, comme je le ferai dans un éboulis ou dans la neige. Je me remémore le Mont Blanc, huit mois plus tôt. Je me rends compte que c’est ce que je préfère ces forts pourcentages. Je suis plus à l’aise sur le dénivelé que sur le plat. Le sommet arrive, je bascule, me régale dans la descente puis poursuis mon chemin vers le lit asséché d’une rivière qui n’a plus dû voir l’eau depuis longtemps.
Le temps de venir en aide à un concurrent pris de crampes, je repars avec Hervé. On va finir l’étape ensemble, prenant le temps de discuter. Il court pour l’association Vaincre la Mucoviscidose et en est à son 2è MDS. Ils sont 3 frères sur la course, touchés en leur chair par cette terrible maladie, emmenant tout un groupe avec eux pour récolter des fonds. Il en bave mais ne lâchera pas et finira ce MDS. On se retrouvera d’ailleurs sur plusieurs étapes, ayant un rythme quasi similaire. J’aurai d’ailleurs l’occasion de rencontrer sur d’autres étapes ses deux frangins, tout aussi touchants que lui. Sacré famille !
Revenons sur la course. Le lit de la rivière arrive et avec lui la galère d’un mélange sable-cailloux dans lequel on peine pour avancer. Puis c’est le passage d’une colline pierreuse et finalement devant nous le bivouac en point de mire. On trotte un peu et on finit ensemble avec Hervé, portant ensemble le fanion de son association. Super moment d’échange.
Puis c’est le traditionnel thé, puis récupération des bouteilles puis retour à la tente. Guy me suit de peu, 7 minutes derrière moi. Comme un con j’ai fait la course sans lui pour 7 petites minutes d’écart. C’est décidé demain on repart ensemble ! Les pieds tiennent toujours, le moral et le physique sont bons. Le soir c’est les traditionnels taboulé- internet-toilette-repas-dodo, le tout agrémenté des arrivées des uns et des autres et des récits de cette journée.
Etape 2 : 41 kms. 7h26’44. 5,51km/h
Récit du jour : Salut,Je profite d'un peu plus de tps pour donner des news plus longues. C'est très dur mais pour le moment ça va. La chaleur est très pénible, je connais l'enfer dorénavant...
le corps tient. Quelques ampoules mais rien de grave. Le sac est très lourd, mais tt le matos est ok. La tente est sympa mais l'ambiance en course assez perso...
reportage jeudi 20h sur tf1.
Pour Jules : je t'aime mon fiston, passe une bonne semaine je me languis de te revoir.
Désolé pour l'écriture, clavier de m...
A vite